« Sex, drug and Rock’n Roll » : dans les années 70, cette expression rendait compte du caractère libre et rebelle de la culture Rock… En voyant le film de Mia Hansen Løve, on peut appliquer cette maxime aux années 90 mais en remplaçant le mot « rock » par « house » ou « techno »….
Cette réalisatrice suit, dans ce film, le destin d’un DJ dans le Paris des années 90, passionné de techno… Il va fonder un « groupe » : Cheers qui va connaître un certain succès… Le film est construit d’une manière assez paradoxale, on part d’une épopée collective, riche en personnages pour arriver à un portrait unique du « héros » du film, Paul. En fait, Mia Hansen Løve nous raconte l’histoire (vraie !) de son frère, qui fut ce DJ dans la vraie vie ! On croise, au détour d’une rave ou d’une party, les grandes figures de la « french touch » de cette période, Daft Punk en tête. Mais cela est finalement assez anecdotique puisque ce qui intéresse la réalisatrice, c’est l’histoire de ce groupe et principalement Paul. On le suit donc dans son parcours complexe et parsemé d’aventures féminines et de de consommation de drogues. La deuxième partie du film décrit plus précisément sa descente aux enfers et son abandon de la musique…
La grande qualité de ce film est l’ancrage dans ces années 90; si proches et en même temps déjà si éloignées; qui se souvient qu’il fallait utiliser une cabine téléphonique pour téléphoner dans la rue avant que les portables n’envahissent notre quotidien ? Et on ne peut évidemment pas parler de ce film sans parler de la musique… Alors, oui, il vaut mieux apprécier ce genre de musique pour entrer complètement dans le film car on passe de « raves » clandestines à des nuits dans les boîtes parisiennes puis américaines, sans arrêt, surtout dans la première partie. C’est d’ailleurs assez amusant d’assister à des discussions très pointues sur les différentes « tendances » de la techno !
La réalisatrice, habituée des biographies a un style très particulier… Tout le début du film est filmé comme un reportage sur la scène techno parisienne au milieu des années 90… L’aventure est collective, le récit ne s’attarde pas sur des individualités, mais sur la vie du groupe et sur la musique. Ce n’est que dans la deuxième partie (sous titrée Lost in Music) que l’histoire se recentre sur Paul, et c’est le moment le plus intéressant du film. C’est à ce moment là que la réalisatrice s’approche de ce personnage, ne le lâchant plus jusqu’à la fin du film. Cela correspond d’ailleurs à ses déboires et ses problèmes aigus avec la cocaïne…
Il faut aussi signaler l’interprétation exceptionnelle de tous les acteurs, et en premier le rôle principal de Paul joué par Félix de Givry. Paradoxalement les premiers rôles sont joués par des acteurs débutants et inconnus et ce sont les seconds rôles qui sont interprétés par des acteurs plus connus (Laura Smet par exemple).
Un film que je vous recommande car, contrairement à ce que l’on peut lire un peu partout, ce film n’est pas l’histoire de la « French Touch » dans les années 90 mais le portrait sensible et intelligent d’un jeune homme qui idéalisait la techno et qui se brûlera les ailes au contact du succès.